RETROSPECTIVE DALLAS PARTIE 2/5 : la naissance du phénomène "Who Shot J.R. ?"

26 Décembre 2012 , Rédigé par Boby Publié dans #Rétrospective

 

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Pour les fêtes de fin d'année, AudiencesUSA.com vous propose une grande rétrospective en cinq parties sur "Dallas", la série culte diffusée par CBS entre 1978 et 1991. Alors que la franchise connaît une deuxième vie grâce à son retour sur TNT depuis l'été dernier, AudiencesUSA.comvous propose de vous replonger dans les coulisses du plus grand soap américain diffusé en prime time à la télévision américaine.

Des débuts très difficiles qui auraient pu stopper la machine après 4 épisodes au mythique cliffangher qui aurait pu ne jamais voir le jour, des caprices de Larry Hagman au départ de Patrick Duffy et son retour légendaire, de la naissance d'un phénomène de société à sa descente aux enfers, découvrez les dessous d'un succès planétaire.

 

Une rétrospective écrite par François, auteur du Classement Séries proposé tout au long de l'été sur AudiencesUSA.com.

 

 

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RETROSPECTIVE DALLAS : PARTIE 2 / 5

 

David Jacobs se détache de Dallas pour créer Côte Ouest

 

Nous sommes en novembre 1978. Alors que la saison 2 de Dallas est en cours de diffusion sur CBS, sans que l’audience ne parvienne vraiment à décoller, la production a quitté Dallas, persuadée que leur série n’allait pas passer l’hiver. Mais un coup de fil de CBS à Leonard Katzman, l’un des producteurs historiques, va tout changer. La chaîne vient de compléter la commande de la saison 2 qui comptera donc 24 épisodes.

David Jacobs, créateur de Dallas, en profite pour vendre à CBS son projet de cœur, celui qu’il avait développé avant Dallas : Côte Ouest. Afin de surfer sur l’audience grandissante de Dallas, il va le transformer en spin-off. Les deux personnages principaux seront ainsi des seconds couteaux de Dallas : Gary et Valene Ewing. Bien qu’elle n’atteindra jamais les sommets audimatiques de Dallas, Côte Ouest recueillera globalement un accueil critique plus positif que la série mère.

Très impliqué dans Côte Ouest, David Jacobs va alors peu à peu se détourner de Dallas. Parallèlement, Katzman et Phil Capice décident de revoir leur copie. Bluffés par l’incroyable performance de Larry Hagman, les producteurs vont peu à peu décider de déplacer la lumière sur l’impitoyable JR aux dépens du sirupeux Bobby. Et ça marche. Les téléspectateurs plébiscitent ses coups tordus, ses coucheries, ses manipulations.

Dans une interview récente, Jacobs raconte le moment où il a pris conscience de l’envergure que pouvait donner Hagman au personnage de J.R. Dans le script initial, JR était supposé finir le pilote par cette phrase, tout en esquissant un léger sourire : « On dirait que j’ai sous-estimé la nouvelle Madame Ewing. Je ne ferais plus jamais cette erreur ». Mais Lagman a ri. Un rire maléfique. Un détail qui donnait toute son ampleur au personnage. Hagman avait alors pris possession de J.R.

 

« Et si on tirait sur le fils de p*** ? »

La machine infernale est lancée. Pour sa 3ème saison, Dallas bouge une nouvelle fois de case : les téléspectateurs la suivront cette fois-ci le vendredi à 22h. Et tous les signaux sont enfin au vert : l’audience progresse au fil des semaines pour atteindre des sommets. En moyenne, ce sont désormais près de 35 millions de fidèles qui sont branchés chaque semaine devant les tribulations de J.R. et Sue Ellen. Dallas se classe N°6 au classement annuel, juste derrière  M*A*S*H.

La saison 3 est censée se terminer à l’issu d’un double-épisode centré sur le procès pour meurtre de Jock Ewing, après que des restes d’ossement aient été retrouvés à Southfork. Le procès est haletant. CBS en est sûr : cet épisode va battre des records. Et la chaîne en veut plus, elle demande aux producteurs deux épisodes supplémentaires pour conclure la saison.

Katzman et Capice sont bien embêtés. Ils avaient prévu de boucler la saison sur le procès de Jock, laissant l’issu du verdict en guise de cliffangher. Ils doivent trouver une nouvelle idée, et vite. Que faire ? Ils vont alors se triturer l’esprit pour mettre en place un cliffangher qui puisse être aussi puissant que le procès de Jock.

Dans un premier temps, une tentative de suicide de Sue Ellen est évoquée. Mais après quelques jours de réflexion, au cours d’une réunion de travail, l’un d’entre eux va alors improviser une idée qui changera à tout jamais le destin de la série. Il lance « Et pourquoi on ne tirerait tout simplement pas sur le fils de p*** ? ». « Oui, mais qui va lui tirer dessus ? », lui rétorque-t-on. « Peu importe, ça, on verra plus tard ! ». Hagman n’est guère emballé par l’idée, qu’il trouve commune. Mais les scénaristes n’ont rien d’autre. La saison 3 de Dallas se terminera bien ainsi.

 

« Who Shot J.R. ? »

Nous sommes le 21 mars 1980. Les téléspectateurs ne savent pas encore qu’ils vont assister à une scène qui restera à jamais gravée dans l’histoire de la télévision américaine. Il est 22h57 quand J.R., dans son bureau, reçoit un coup de fil mystérieux. Il décroche mais personne ne répond. Peu inquiété, il se lève pour aller remplir sa tasse de café. Quand il revient, il entend un bruit et s’exclame « Qui est là ? ». Il se dirige alors vers le couloir et là, il reçoit deux coups de feu en pleine poitrine et s’écroule, laissant des dizaines de millions de téléspectateurs médusés devant leur petit écran.

Dallas vient d’inventer le cliffangher en prime-time, ou du moins de le populariser. Habitués aux intrigues bouclées, les téléspectateurs n’ont pas l’habitude de devoir attendre si longtemps pour obtenir une réponse !

C’est sûrement pour cette raison que ce cliffangher, qui pourrait paraître aujourd’hui convenu, va prendre une ampleur phénoménale. Qui plus est, l’attente est accentuée par la grève des scénaristes qui sévissait alors à l’époque. Les fans américains devront ainsi patienter près de 8 mois pour connaître l’épilogue de ce rebondissement, ce qui va permettre de créer un buzz retentissant.

 

Un phénomène de société planétaire

Cet incroyable suspens va alors peu à peu prendre une ampleur planétaire. CBS crée même une catchphrase : « Who Shot J.R. » qui va hanter tous les esprits à l’été 1980. Des T-Shirt ‘I shot J.R.’ s’arrachent à travers tout le pays, un acteur du ‘Saturday Night Live’ sera tout bonnement viré après avoir osé critiquer le fameux cliffangher. Les paris fusent entre Londres et Las Vegas tandis qu’une session du parlement turc est reportée pour permettre aux législateurs de voir l’épisode.

La tentative d’assassinat de J.R. fera même une intrusion surréaliste dans la politique. En pleine campagne pour Ronald Reagan pour les élections américaines de 1980, les militants distribueront des centaines de stickers « A democrat shot J.R. ».  Jimmy Carter répliquera en disant qu’il n’aurait aucun mal à financer sa campagne s’il savait qui avait tiré sur JR !

Victoria Principal raconte même que lors d’un vol en avion, le pilote refusait d’atterrir avant qu’elle ne lui ait dévoilé l’identité du mystérieux assassin. Plus fort encore, Larry Hagman recevra une proposition de 100.000 £ pour révéler le nom du coupable ! Sauf que ni lui, ni elle, ni personne, n’avait connaissance de l’issu de cette intrigue. Jusqu’au bout, le secret des dieux sera jalousement préservé. Des scènes alternatives montrant Jock ou Miss Ellie, le revolver à la main, seront même tournées afin de maintenir le suspense jusqu’à la dernière seconde.

 

Le bras de fer entre CBS et Larry Hagman

Imaginez un peu l’indécente promotion gratuite dont vient de bénéficier Dallas. Jamais dans l’histoire de la télévision, une série, une scène, un personnage, n’avait suscité un tel phénomène, un tel engouement. Larry Hagman va ainsi très vite devenir la star incontestable du show. Et surtout, il en prend très vite conscience. En fin businessman, il va alors tout faire pour retourner la situation en sa faveur en exigeant une augmentation substantielle. J.R. un rôle de composition ? Pas si sûr.

Mais à cet instant T, ni CBS, ni l’équipe de Lorimar, ne prend vraiment acte du phénomène qui est en train de se créer autour du personnage de J.R. Au mieux, ils le sous-estiment. Larry Hagman se prend, par conséquent, une fin de non-recevoir. Mais l’acteur refuse de se laisser faire. Va alors s’engager un bras de fer mémorable entre lui et la production.

Du jour au lendemain, le légendaire-en-devenir J.R. claque la porte de Dallas, quitte la Californie (où se tournait alors la série) et refuse de revenir tant que l’augmentation qu’il désire ne lui aura pas été accordée. Hagman n’est pas si docile comme l’imaginaient CBS et Lorimar, qui se retrouvent pris à la gorge.

Hagman va alors narguer la production et se rendre indispensable en multipliant les interviews à la presse. Mais CBS et Lorimar croient toujours à un coup de bluff. Sans J.R., Hagman n’existe plus. Ils sont persuadés que l’acteur reviendra à la raison avant que le tournage ne reprenne.

Mais le 12 juin 1980, alors que toute l’équipe est réunie pour tourner le premier épisode de la saison 4, Larry Hagman manque à l’appel. Phil Capice, producteur de la série avec Leonard Katzman, est furieux. Il va alors tout faire pour écarter définitivement Larry Hagman de Dallas...

 

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